jeudi 20 septembre 2007

Le Café 139…

Il est là au coin de la rue, avec ses fauteuils rembourrés et dépareillés. Ils m’appellent. La fumée qui s’élève du chocolat chaud de l’homme en vitrine me fait les yeux doux. Je vais innocemment faire mes courses au marché d’Aligre et je me sens happée par ce café. Je résiste. Qu’est ce que j’irai faire seule dans un café, sur le chemin du marché ?
Ecrire, c’est l’endroit rêvé pour écrire. Oui, mais on écrit pas sur le chemin du marché. Sur le chemin du marché, on se demande si on va acheter du saumon ou du maquereau, parce qu’on a pas assez de monnaie pour l’un et plus assez de moutarde pour l’autre. Et puis au retour du marché, on a des poireaux dans son sac à main et de la truite dans un sachet plastique (oui, finalement c'est le plus économique et ça se passe de moutarde). Mais le café, lui, il est toujours là. Et l’envie d’écrire aussi. Même les idées, de temps en temps, attendent au coin de la rue.
Un si bel endroit.
J. K. Rowling en aurait rêvé. Il suffirait d’un peu de temps et d’une batterie de portable survivant plus de 15 secondes. Et d’un peu de monnaie pour le chocolat chaud aussi. Parce que pour amortir le coût d’un chocolat à chaque chapitre, il me faudrait plutôt écrire du Braudel que du Kundera.
Mais peu importe, je ne suis jamais entrée dans ce café, et ni en Kundera, ni en Braudel, je n’ai pas encore écrit une ligne.
Aïe, ma ville. Sitôt redécouverte, sitôt quittée. Il me fallait à nouveau ressentir la cohue chinoise tout en gardant l’ambiance de village : Paris. Une densité digne de Pékin, des Chinois partout, vendeurs de chaussures dans le Faubourg Saint Antoine, réparateurs de PC à Montgallet. Ici on ne mange pas, on « va chez l’Chinois ». On n'achète pas de vêtements bon marché, on « s’habille chez l’Chinois ».
(Et quand on veut vraiment aller chez le Chinois, entendez l’Institut Confucius, celui-ci est introuvable.)
Mais on ne m’avait pas prévenue que Paris c'était la Chine ! Je montais dans le RER sans penser qu’il fallait se battre et agresser des hommes en cravates pour avoir une place assise, pauvre naïve ! Demain, offensive à 8h32, RER A, Nation. Quand on a survécu à Pékin on ne peut honnêtement pas se laisser flouer de la sorte par un pingouin de La Défense.
Et puis le Paris que je découvre, c'est aussi celui qui vend du pain six fois plus cher que chez nous. Une baguette à Bastille ou une baguette à Guomao 国贸, c'est kif kif. Pareil pour le fromage, et la copa. Snif.
Et pour finir cette note sur une remarque des plus terre-à-terre : Paris-Pékin, même combat : météo de merde.